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Le Roi ne veut pas la guerre civile ; le Roi ne veut pas la guerre étrangère.

Il est, en dehors de la guerre, un moyen, un seul, de sauver le Roi et le trône : une déclaration collective des puissances unies. Les puissances unies déclareront qu’il n’est pas indifférent à l’Europe, vu la position et l’importance de la France dans le continent, que la France soit une monarchie ou une république ; qu’il importe au contraire aux monarchies de l’Europe que la couronne de France soit héréditaire de mâle en mâle, que la personne du Roi soit inviolable, que le Roi ne puisse être suspendu ou déchu de sa puissance ; qu’elles ne peuvent souffrir que les anciens traités conclus avec la France, devenus partie intégrante du droit européen, « soient le jouet de l’influence réelle ou présumée d’une force armée ou d’une émeute populaire ; » qu’en cas de révocation de quelque traité par le roi de France, révocation involontaire et forcée, elles sont en droit de déclarer la guerre à la France ; que, par une convention tacite, il a existé de tout temps un rapport de force armée entre les puissances de l’Europe ; qu’une armée de quatre millions d’hommes levée tout à coup par la France, indépendamment des troupes de ligne, une élévation aussi prodigieuse de la force armée qui tient le Roi prisonnier, sont une violation de cette convention tacite, en même temps qu’un danger de guerre permanent pour les puissances étrangères.

Tels étaient les raisons et les prétextes de cette intervention de l’Europe où la Reine voyait le salut.