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essayant de garder la vie et le patrimoine de son fils ; de cette pauvre Reine qui croyait conspirer avec Dieu en défendant une institution relevant de sa grâce, et cependant tentait d’éloigner la guerre de la Révolution, espérant l’épargner à la France !

« Pouvons-nous risquer de refuser la Constitution ? — écrit la Reine dans sa lettre du 10 août 1791 à Mercy-Argenteau, un an jour pour jour avant le 10 août. — Je ne parle pas des dangers personnels… » Et dans un post-scriptum : « Il est impossible, vu la position ici, que le Roi refuse son acceptation ; croyez que la chose doit être vraie, puisque je le dis. Vous connoissez assez mon caractère pour croire qu’il me porteroit plutôt à une chose noble et pleine de courage[1]… » Le Roi ne peut donc pas risquer de refuser la Constitution : Pour cela je crois qu’il est nécessaire, quand on aura présenté l’acte au Roi, qu’il le garde d’abord quelques jours, car il n’est censé le connoître que quand on le lui aura présenté légalement, et qu’alors il fasse appeler les commissaires pour leur faire non pas des observations ni des demandes de changement qu’il n’obtiendra peut-être pas, et qui prouveroient qu’il approuve le fond de la chose, mais qu’il déclare que ses opinions ne sont point changées ; qu’il montroit, dans sa déclaration du 20 de juin, l’impossibilité où il étoit de gouverner avec le nouvel ordre de choses ; qu’il pense encore de même, mais que pour la tranquillité de son pays il

  1. Marie-Antoinette au comte de Mercy-Argenteau, 26 août 1792. Revue rétrospective, 2e série, vol. I.