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prince de Kaunitz la foi crédule de la Reine dans le dévouement des Barnave, des Lameth, des Duport ; répétait que les amis de la Reine ne seraient jamais que « des déterminés antiroyalistes et des scélérats dangereux ; » vainement il montrait, sur le plan de la Reine, la fausse et dangereuse position de l’Europe, ouverte et désarmée devant la menace et la contagion des idées françaises, troublée de perpétuelles alarmes, obligée à une surveillance permanente de cette tranquillité grosse de catastrophes qu’il appelait « le repos de la mort[1] ; » ces avertissements, ces injures de Mercy-Argenteau ne détachaient pas la Reine des avis de la Gironde et de la modération.

Ce n’est que lors de l’établissement de la République dans les esprits que Marie-Antoinette, voyant les événements emporter les promesses des Girondins, se retourne vers son frère, mais en le retenant encore ; elle défend à Vienne la précipitation et la violence, en même temps qu’elle combat aux Tuileries le refus de la Constitution, auquel l’encourageait Burke[2] ; elle cherche encore à dénouer pour ne pas trancher, elle veut vaincre avec cette arme des habiles, la diplomatie, honneur de tant de grands hommes, dont on a fait le crime et la condamnation de cette pauvre mère

  1. Le comte de Mercy-Argenteau, ambassadeur de l’Empereur, à M. le prince de Kaunitz. Revue rétrospective, 2e série, vol. I.
  2. Réflexions de M. Burke pour être envoyées à la Reine de France, extraites par le comte de Mercy. Revue rétrospective, 2e série, vol. I.