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les séditieux repoussés, leurs efforts vains ; l’Assemblée gagnant en consistance et en autorité dans le royaume. Elle disait la fatigue des agitations dans les agitateurs mêmes, la Révolution reprenant haleine, les fortunes demandant sûreté ; la halte momentanée des événements, des passions, du désordre, les lois osant parler, la possibilité et la raison d’une pacification entre la dignité de la couronne et les intérêts de la nation ; enfin les espoirs de reconstruction de l’autorité par le temps, par le retour des esprits, par l’expérience des nouvelles institutions. À ce tableau de juillet 1791 la Reine opposait la France avant le départ pour Varennes, la multitude et le tumulte des partis, la loi désarmée, le Roi sans sujets, l’Assemblée dépouillée de force et de respect ; bref, la désespérance, même dans le plus lointain avenir, de toute recréation de pouvoir.

Appuyée sur cette opposition de situation, sur ce ralentissement des excès, sur ce refroidissement des âmes, elle s’arrêtait et repoussait les offres de son frère, éloignant ce secours armé dont ne voulait pas son cœur français, et qu’il n’appellera, qu’il ne subira qu’au dernier moment et comme au dernier soupir de la royauté. Pour mieux retenir son frère et ses armées, la Reine glisse d’abord légèrement sur les dangers qu’une agression, une tentative violente de libération et de restauration peut faire courir à son mari, à son fils, à elle-même, accusée d’être l’âme de ce complot ; puis, Reine de France, qui sait ce que peut la France