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Reine. « Quoi ! s’écrie M. de Montmorin, vous, ministre du Roi, vous consentiriez à une pareille infamie ? — Mais, dit le garde des sceaux, s’il n’y a pas d’autre moyen[1]. »

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Il restait à la Reine une amie qui prenait une part de ses périls, de ses épreuves, de ses douleurs. Abandonnée des uns, séparée des autres, privée de tous ses appuis, de madame de Polignac, de l’abbé de Vermond, qui avait suivi madame de Polignac, la Reine n’avait plus auprès d’elle que madame de Lamballe ; et voici qu’il lui fallait s’en séparer. La loi des circonstances, le besoin de la politique obligeaient la Reine à envoyer en Angleterre cette dernière amie comme la seule personne capable de décider Pitt à prendre d’autres engagements qu’une vaine promesse « de ne pas laisser périr la monarchie française[2]. »

Dans sa vie d’affaires, au milieu des notes diplomatiques, des correspondances, des conseils, des mille occupations de sa pensée et de sa main, la Reine trouve des loisirs et des répits pour se rapprocher de madame de Lamballe, pour l’entretenir de sa tendre amitié et lui confier l’état de son âme et la mesure de ses craintes.

« Le Roi vient de m’envoyer cette lettre, mon cher cœur, pour que je la continue ; sa santé est très bien rétablie, grâce à sa forte constitution. Le calme avec

  1. Correspondance entre le comte de Mirabeau et le comte de la Marck. Introduction.
  2. Mémoires de Mme Campan, vol. II.