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à un Mirabeau[1]… Lui pourtant, fier de cette terreur, enivré de tant d’honneur que lui faisait le destin, ému, troublé auprès de cette Reine suppliante qui commandait au sang de Marie-Thérèse et ne commandait plus à ses larmes, ébloui de son aventure, transporté d’émotions et de pitiés orgueilleuses, croyant un moment donner ce dévouement qu’il avait vendu, il défiait l’histoire et la fatalité, il assurait Marie-Antoinette de la providence de son génie, il jurait que Mirabeau lui apportait l’avenir !

Rêves, chimères, illusions ! Fanfaron, qui, pour avoir mené le torrent où le torrent voulait aller, croyait pouvoir le remonter ! Les événements n’étaient plus aux mains des hommes ; et ce misérable enivré, qui promettait un trône au fils de la Reine de France, était déjà promis à la mort.

  1. Mémoires de Mme Campan, vol. II.