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du Mont-de-Piété les pauvres garde-robes et les paquets de linge[1], saisissant, pour soulager le peuple, toute occasion heureuse, comme la première communion de sa fille ; semant autour d’elle les bonnes œuvres jusqu’au 9 août, où la Reine de France empruntera un assignat de 200 livres pour faire une aumône !

Mais si la mère avait son poste, la Reine aussi avait ses devoirs. Dernier tourment de cette vie douloureuse ! Marie-Antoinette ne peut se donner à ses chagrins et se laisser aller, sans mouvement, au désespoir, à la paresse, au repos des grandes douleurs. La Reine doit à toute heure se posséder, se vaincre et se surmonter. Elle doit, telle est la position que lui fait la faiblesse de Louis XVI, conseiller à tout moment le Roi et le faire à tout moment vouloir. Il faut qu’elle assiste au Conseil dans les délibérations importantes, qu’elle pèse les projets, qu’elle estime les espérances ; qu’elle lise les Mémoires des royalistes, qu’elle en saisisse le point de vue et les moyens, qu’elle en expose au Roi les chances et les dangers ; qu’elle cherche et qu’elle discute

    Reine entrait dans tous les détails et dans l’examen de tous les moyens qui pouvaient soulager les pauvres, elle chargeait dix dames de distribuer 1,600 francs par mois en nourriture et en chauffage dans toutes les paroisses de Paris. Elle ajoutait à cette somme 1200 livres destinées aux couvertures et vêtements des malades. Elle autorisait les dames de la Charité maternelle à donner des layettes à trois cents mères pendant les trois mois de l’hiver (Étrennes de la vertu pour l’année 1792. Paris. Savoye).

  1. Révolutions de Paris, par Prudhomme, vol. II.