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Chaque semaine, chaque jour apportait la menace et le détail de nouvelles journées d’Octobre. La Reine tremblait sans cesse, non pour elle, mais pour ses enfants. La nuit du 13 avril 1790, la nuit pour laquelle la Fayette a annoncé une attaque du château, le Roi, accouru chez la Reine au bruit de deux coups de fusil, ne la trouve pas. Il entre chez le Dauphin : la Reine le tenait dans ses bras et pressé contre elle. « Madame, dit le Roi, je vous cherchais et vous m’avez bien inquiété. — Monsieur, j’étais à mon poste, » répond la mère en montrant son fils[1].

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La Reine ne quittait plus ses enfants. Elle ne sortait des Tuileries que pour des courses de charité dans Paris, emmenant son fils et sa fille au faubourg Saint-Antoine, à la manufacture des glaces ; les formant à l’exemple de sa bienfaisance ; leur apprenant à donner, comme elle, avec de bonnes paroles. Une autre fois, elle les emmenait à la manufacture des Gobelins, dans ce quartier de misère qui entendait dire à la Reine : Vous avez bien des malheureux, mais les moments où nous les soulageons nous sont bien précieux[2]. Elle menait encore ses enfants aux Enfants trouvés, pour leur apprendre qu’il était des malheureux de leur âge. Elle faisait le bien chaque jour, dégageant

  1. Mémoires de Mme Campan.
  2. Journal de la cour et de la ville, 9 mai 1790. — Fondatrice de la Société des dames de la Charité maternelle, la