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à l’Hôtel de ville ; et comme, en répétant aux Parisiens la phrase de Louis XVI : « C’est toujours avec plaisir et avec confiance que je me vois au milieu des habitants de ma bonne ville de Paris, » Bailly oubliait le mot : confiance, Répétez avec confiance, lui disait la Reine avec la présence d’esprit d’un roi[1].

Les Tuileries devaient être la nouvelle résidence de la famille royale. Rien n’était prêt pour des hôtes dans ce palais sans meubles, abandonné depuis trois règnes. Les dames de la Reine passaient la première nuit sur des chaises, Madame et la Dauphine sur des lits de camps. Le lendemain, la Reine s’excusait auprès des visiteurs du dénûment des lieux : Vous savez que je ne m’attendais pas à venir ici ! disait-elle avec un regard et d’un ton qui ne pouvait s’oublier[2].

Des meubles arrivaient de Versailles, et l’installation se faisait. Le Roi prenait trois pièces au rez-de-chaussée sur le jardin ; la Reine avait ses appartements près des appartements du Roi. En bas était son cabinet de toilette, sa chambre à coucher, le salon de compagnie ; à l’entresol, sa bibliothèque garnie de ses livres de Versailles ; au-dessus, l’appartement de Madame, séparé de la chambre à coucher du Roi par la chambre où couchait le Dauphin. Après le salon de compagnie venait le billard, puis des antichambres. La gouvernante des enfants de

  1. Journal de la cour et de la ville.
  2. Considérations sur les principaux évènements de la Révolution française, par Mme de Staël, 1812.