des du corps désarçonnés résonne sur la place d’armes, puis, au bout de l’avenue de Paris, c’est le nuage et le bruit que pousse devant elle la marche d’une multitude : bientôt le premier flot du peuple bat la grille des ministres ; puis vient la garde nationale, qui traîne la Fayette en triomphe, puis les cris et les piques, et les poissardes vomissant l’outrage contre la Reine, et les coupe-têtes, manches relevées, et ce peuple qui vient demander les « boyaux de la Reine »[1] !
Au château, il n’est qu’anarchie et confusion. Les volontés flottent, les conseils balbutient, les lâchetés ordonnent. Dans le trouble, le vertige, l’épouvante, il n’est qu’un homme : c’est la Reine. Pendant cette nuit qui prépare le lendemain, tandis que, dans l’Assemblée envahie, les halles se répandent en menaces contre la Reine[2], tandis que, dans les cabarets, aux portes du château, le meurtre attend, roulé dans son manteau ; la Reine demeure le visage assuré, l’âme sans trouble, la contenance digne, la parole ferme, l’esprit libre et présent. Elle reçoit ceux qui se présentent dans son grand cabinet, parle à chacun, relève les courages, et communique à tous son grand cœur. « Je sais, disait la fille de Marie-Thérèse, qu’on vient de Pans pour demander ma tête ; mais j’ai appris de ma mère à ne pas craindre la mort, et je l’attendrai avec fermeté[3]. »