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jusqu’à mon dernier soupir. Je vous embrasse de toute mon âme,

« MARIE-ANTOINETTE[1]. »

La Révolution a compris, dès les premiers jours, qu’il n’est qu’un danger pour elle. Ce danger est la Reine. L’intelligence de la Reine, sa fermeté, sa tête et son cœur, voilà l’ennemi et le péril. Du Roi, la Révolution peut tout attendre, et espère tout. Elle a mesuré sa faiblesse ; elle sait jusqu’à quelles concessions, jusqu’à quelles abdications elle peut mener le souverain, sans que le souverain se défende, sans que l’homme se révolte, sans que le père comprenne qu’en désarmant la royauté il livre le trône de son fils. Mais la femme de ce roi, et son maître, la Reine, la Reine avec les frémissements et les impatiences de sa nature, avec le commandement de sa volonté, avec ce don viril, sur lequel l’injustice des partis ne s’aveugle pas : le caractère ; avec cette ardeur de mère qui combat pour son enfant ; avec tous ces dons d’initiative, toutes ces vertus apparentes et morales de la royauté qui semblent réfugiées en elles ; la Reine, qui maintenant voit l’avenir et n’a plus d’illusion sur la Révolution ; la Reine, poussée à la lutte et à la défense vaillante des droits du trône par le soin de la gloire du Roi, par l’éloignement et la mise hors la loi de tous ceux qu’elle aime, par ses

  1. Lettre autographe signée, communiquée par M. le marquis de Biencourt, et publiée pour la première fois par nous.