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trahison des courtisans favorisés et comblés, des familiers, des amis. Ce n’était point assez, contre la Reine, de l’hostilité de toutes les grandes familles, les Montmorency, les Clermont-Tonnerre, les la Rochefoucauld, les Grillon, les Noailles ; ses protégés eux-mêmes, ses commensaux, ses hôtes de Trianon lui faisaient défaut et manquaient à ses périls. Le grand exemple de la princesse de Tarente n’était guère imité. La duchesse de Fitz-James partait pour l’Italie[1]. Le prince d’Hénin, que les grâces de Marie-Antoinette avaient trouvé si bas, faisait le sourd au silence de mépris qui l’accueillait au château[2]. La comtesse de Coigny, dont le nom seul rappelle une telle dette de reconnaissance, méritera, au retour de Varennes, que la presse royaliste l’accuse[3] d’avoir encouragé l’insulte sur la place Louis XV. Il était des ducs comme le duc d’Ayen. Un prince qu’une lettre de Louis XVI accuse de surveiller son Roi, le prince de Poix, aux journées d’octobre, la Reine en danger, passait sur son uniforme une redingote qui le dérobait également, dit Rivarol, à la honte et à la gloire.

Que si maintenant l’historien embrasse d’un coup d’œil plus large la position de la Reine ; si, laissant tout ce qui l’approche, il cherche tout ce qui l’environne ; s’il va plus loin que Versailles, que Paris, que la France ; s’il interroge l’Europe, il demeurera effrayé des dispositions hostiles des cours, et de la

  1. Chronique scandaleuse, n. 18.
  2. Journal de la cour et de la ville, 5 décembre 1790.
  3. Ibid., 5 juillet 1791.