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faisait un ministre de l’archevêque qui l’avait désigné à M. de Choiseul pour l’éducation de la fille de Marie-Thérèse. Mais, en faisant entrer M. de Loménie de Brienne au ministère, l’abbé de Vermond n’acquittait pas seulement une dette de reconnaissance, il ne faisait pas seulement une créature de son bienfaiteur : il introduisait au ministère un système politique qui était son plan et le rêve de quelques membres du clergé.

Que voulaient l’abbé de Vermond et ses amis ? Hommes d’Église, ils voulaient le salut du royaume par l’Église. Ils voulaient étendre à l’État ce nouveau genre d’épiscopat qui embrassait le régime économique et politique d’un diocèse ; élever jusqu’aux affaires, jusqu’au gouvernement temporel, ce personnage inconnu jusqu’alors dans la monarchie française : l’évêque administrateur. Mais ces

    persuadant qu’il déplaisait au dauphin qui ne lui avait jamais adressé la parole, craignant de fatiguer la dauphine qui n’accueillait aucune de ses observations. Pendant la domination des Polignac, il annonçait sa retraite, écrivant à Marie-Thérèse : « Les alentours de la Reine l’occupent tout entière et interceptent ma voix. J’ai dévoré les dégoûts et les amertumes, tant qu’ils n’ont porté que sur moi… » Enfin en 1777, l’abbé se dispensait du voyage de Fontainebleau, à la suite de deux conversations assez vives, où il exposait à la Reine « qu’elle manquait à son auguste famille, et qu’elle faisait à ses favorites des confidences dangereuses, capables de compromettre les serviteurs honnêtes et zélés qui lui parlaient le langage de la vérité. Au fond de tout ce zèle et sous ces apparences de désintéressement, on sent des ressentiments très personnels contre les Polignac, on sent chez l’abbé le dépit de n’être point, dans l’ombre, le conseiller tout-puissant des volontés de la Reine.