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Le lendemain, il charge son heiduque Schreiber de voir s’il n’y aurait rien de nouveau dans la parure de la Reine au dîner de Sa Majesté. Le 3 février, rencontrant à Versailles le sieur et la dame Bassange, il leur reproche de n’avoir point fait encore leurs très humbles remerciements à la Reine de ce qu’elle a bien voulu acheter leur collier. Il les pousse à la voir, à en chercher l’occasion, à la provoquer. Toutefois, le cardinal s’étonnait de ne pas voir la Reine porter le collier, et il partait pour Saverne, ne soupçonnant rien encore, mais déjà moins hardi dans ses rêves, presque déçu. Madame de la Motte venait le retrouver à Saverne, et relevait sa confiance en lui promettant une audience de la Reine à son retour. Le cardinal, revenu de Saverne, l’audience tardant, la Reine continuant à ne pas porter le collier, le cardinal s’inquiétait. Il pressait madame de la Motte. « La Reine trouvait le prix excessif, répondait madame de la Motte, qui voulait gagner du temps ; la Reine demandait, ou l’estimation, ou la diminution de 200,000 livres. Jusque-là, ajoutait madame de la Motte, la Reine ne portera pas le collier. » Les joailliers se soumettaient à la réduction, et madame de la Motte faisait voir au cardinal une nouvelle lettre de la Reine, dans laquelle la Reine disait qu’elle gardait le collier, et qu’elle ferait payer 700 000 livres au lieu de 400 000 à l’époque de la première échéance, fixée au 31 juillet[1].

C’est alors que le cardinal, les joailliers ayant

  1. Mémoire pour Louis-René-Édouard de Rohan contre M. le procureur général, en présence de la dame de la Motte, du sieur Villette, de la demoiselle Oliva et du sieur comte de Cagliostro, coaccusés.