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somme de 100,000 écus qu’elle obtient encore de lui, au nom de la Reine, pour le même objet.

Mais de telles sommes étaient loin de suffire aux besoins, aux dettes, aux goûts, au luxe, à la maison de madame de la Motte. Tentée par l’occasion, elle songea à faire sa fortune, une grande fortune, d’un seul coup.

Bassange et Bœhmer, qui entretenaient tout Paris de leur collier et battaient toutes les influences pour forcer la main au Roi ou à la Reine, étaient tombés sur un sieur Delaporte, de la société de madame de la Motte, qui leur avait parlé de madame de la Motte comme une dame honorée des bontés de la Reine. Bassange et Bœhmer sollicitent aussitôt de madame de la Motte la permission de lui faire voir le collier. Elle y consent, et le collier lui est présenté le 29 décembre 1784. Madame de la Motte, habile à cacher son jeu, parle aux joailliers de sa répugnance à se mêler de cette affaire, sans les désespérer toutefois. Au sortir de l’entrevue, elle se hâte d’expédier, par le baron de Planta, une nouvelle lettre au cardinal, alors à Strasbourg. Madame de la Motte y faisait dire à la Reine : « Le moment que je désire n’est pas encore venu, mais je hâte votre retour pour une négociation secrète qui m’intéresse personnellement et que je ne veux confier qu’à vous ; la comtesse de la Motte vous dira de ma part le mot de l’énigme[1]. » Le 20 janvier 1785, madame de la Motte fait dire aux joailliers de se

  1. Mémoires de l’abbé Georgel.