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dée par la cour à la descendante des Valois. Tout donne à croire que, vers ce temps, des relations s’étaient établies entre le cardinal et madame de la Motte. Madame de la Motte était entrée dans des secrets échappés au cardinal, à l’imprudence de sa parole et à la légèreté de son caractère. Elle le savait las de sa position à la cour, impatient des amertumes de sa disgrâce et des froideurs méprisantes de la Reine, ambitieux et bouillant d’effacer son passé, prêt à tout, avec l’ardeur de la faiblesse, pour rentrer en grâce. Peu à peu, par degrés, autour du cardinal et par tous ses familiers, madame de la Motte ébruitait doucement, discrètement, une protection auguste, une grande faveur dont elle était honorée ; confirmant elle-même les propos qu’elle semait, disant qu’elle avait un accès secret auprès de la Reine, que des terres du chef de sa famille allaient lui être restituées, qu’elle allait avoir part aux grâces. Le cardinal, il ne faut pas l’oublier, s’il n’était ni un niais ni un sot, s’il avait tout le vernis d’un homme du monde et tout l’esprit d’un salon, le cardinal manquait absolument de ce sang-froid de la raison et de ce contrôle du bon sens qui est la conscience et la règle des actes de la vie. Aveuglé par son désir de rentrer en grâce, il s’abandonnait à madame de la Motte, qui travaillait sans relâche sa confiance, nourrissait ses désirs, enhardissait ses illusions par toutes les ressources et toutes les audaces de l’intrigue et du mensonge. Un jour madame de la Motte disait au cardinal : « Je suis autorisée par la Reine à vous demander par