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daigne m’épargner la douleur d’être arrêté dans mes habits pontificaux, aux yeux de toute la cour ! — Il faut que cela soit » ; et, sur ce mot, le Roi quitte brusquement le cardinal sans l’écouter davantage[1].

Au sortir de chez le Roi, le cardinal de Rohan était arrêté et conduit à la Bastille. Deux jours après, il en sortait pour assister, en présence du baron de Breteuil, à l’inventaire de ses papiers. Le 5 septembre 1785, le jugement du cardinal était enlevé à la juridiction des tribunaux ecclésiastiques, et déféré à la grand’chambre assemblée par lettres patentes où la volonté du Roi s’exprimait ainsi :

« LOUIS, par la grâce de Dieu, roi de France et de Navarre ; à nos amés et féaux conseillers, les gens tenans notre cour de Parlement, à Paris, SALUT. Ayant été informé que les nommés Bœhmer et Bassange auroient vendu un collier au cardinal de Rohan, à l’insu de la Reine, notre très chère épouse et compagne, lequel leur auroit dit être autorisé par elle à en faire l’acquisition, moyennant le prix de seize cent mille livres, payables en différens termes et leur auroit fait voir, à cet effet, de prétendues propositions qu’il leur auroit exhibées comme approuvées et signées par la Reine ; que ledit collier, ayant été livré par lesdits Bœhmer et Bassange audit cardinal, et le premier payement convenu entre eux n’ayant pas été effectué, ils auroient eu re-

  1. Mémoires du baron de Besenval. — Mémoires secrets et universels sur les malheurs et la mort de la Reine de France, par Lafont d’Aussone. — Mémoires de Mme Campan.