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au su de la cour, Marie-Antoinette n’avait jamais daigné adresser la parole, et qu’elle avait réduit à se glisser honteusement, travesti et déguisé, dans les jardins de Trianon, pour voir la fête donnée au prince et à la princesse du Nord[1]… Trouvant cet homme dans cette machination au premier rang et dans le grand rôle, la Reine imagina que c’était là une nouvelle manœuvre d’une intrigue honteuse. Elle crut à un complot tramé pour la perdre ; et telle était sa persuasion que, dans l’entrevue avec le Roi et le cardinal, l’assurance du cardinal lui avait fait penser un moment qu’il allait indiquer un endroit secret de l’appartement de sa souveraine où il aurait fait cacher le collier par un homme acheté. Dans sa première indignation la Reine courut au Roi. Le Roi éclata contre tant d’impudence. Le baron de Breteuil, servant ses rancunes particulières, anima encore le ressentiment du Roi et de la Reine, et il fût résolu de donner à cette grande imposture une éclatante publicité.

Les conseillers de cette résolution, M. de Bre-

  1. Dans une lettre datée de mars 1777, Marie-Antoinette annonce en ces termes la nomination de Rohan à la grande aumônerie : « Je pense bien, comme ma chère maman, sur le prince Louis, que je crois de très-mauvais principes et très-dangereux par ses intrigues, et s’il n’avait tenu qu’à moi, il n’aurait pas de place ici. Au reste celle de grand aumônier ne lui donne aucun rapport avec moi et n’aura pas grande parole du Roi qu’il ne verra qu’à son lever et à l’église. » Et toute la correspondance de Marie-Thérèse ne parle que de ne pas lui envoyer Rohan quand on veut le faire ambassadeur à Vienne, ne parle que de le rappeler lorsqu’il y est nommé.