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pires que tous les ennemis de Marie-Antoinette, ces Tilly qui la défendent en l’excusant !

Non, Marie-Antoinette n’a pas besoin d’excuse ; non, la calomnie n’a pas été médisance : Marie-Antoinette est demeurée pure. Toute la part de la jeunesse, toute la part de la femme, toute la part de l’humanité est faite en elle par ces mots du prince de Ligne : « La prétendue galanterie de la Reine ne fut jamais qu’un sentiment profond d’amitié pour une ou deux personnes, et une coquetterie de femme, de Reine, pour plaire à tout le monde[1]. »

Le jugement de l’histoire n’ira ni en deçà ni au delà de ce jugement : il s’y arrêtera et s’y fixera comme à la mesure précise de l’équité, de la vérité et de la justice.

Il en est qui ont voulu faire de l’affaire du collier la condamnation de Marie-Antoinette ; elle est la condamnation de la calomnie. Et quel plus grand exemple de l’absurdité et de la monstruosité de ces accusations ?

Le fond du procès est bien simple : ou la Reine est innocente, ou il faut admettre que la Reine s’est vendue pour un bijou ; et à qui ? à l’homme de France contre lequel elle avait les plus vives et les plus justes préventions. Et quels sont, cette hypothèse admise, les témoins dont l’affirmation prévaut contre la dénégation de la Reine ? C’est ce couple

  1. Mélanges littéraires, militaires et sentimentaires, par le prince de Ligne, vol. XXVII.