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Guines[1], et le jeune lord Strathavon…[2]. Arrêtons-nous. Plus bas ce n’est plus même la calomnie, c’est l’ordure ; c’est la Liste civile, la liste « de toutes les personnes avec lesquelles la Reine a eu des relations de débauches[3] !… »

De tous ces noms, de tous ces bruits, des anecdotes, des chroniques, des propos, des chansons, des libelles, de cette conjuration de la calomnie contre Marie-Antoinette, qu’est-il resté ? Hélas ! un préjugé.

Fortune épouvantable de cette Reine, dont le procès sera fait sans pièces, dont la mémoire sera déshonorée sans preuves ! Cependant où sont les faits ? Un pamphlet vous dira que le visage de la Reine « se reprintanisait » quand Dillon entrait au bal. Un anecdotier citera, d’après d’autres, un mot que la Reine n’a pu dire, et un mot que Louis XVI n’a pas dit. Voilà les faits sur Dillon[4]. À peine en est-il autant sur les autres !

Mais au delà de l’on-dit, qu’y a-t-il ? Derrière l’accusation vague, impersonnelle et sans responsabilité, où est l’accusateur ? Contre l’honneur de Marie-Antoinette où est le témoignage ? où est le témoin ? Le témoignage est une phrase de M. de Besenval, et le témoin de M. de Lauzun.

M. de Besenval raconte dans ses Mémoires que,

  1. Mémoires du comte de Tilly, vol. II.
  2. Correspondance entre le comte de Mirabeau et le comte de La Marck. Introduction.
  3. Liste civile 1792. Trois numéros avec les Têtes à prix.
  4. Mémoires de Tilly, vol. II.