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sur ses promenades de 1778, les nocturnales de la terrasse du château ! Quels bruits sur ses retraites à Trianon[1] !

Une seule amitié de la Reine a-t-elle été respectée ? Un seul attachement, même parmi ceux-là qui semblaient défier la calomnie, a-t-il été sacré pour les calomniateurs ? Un seul homme, quels que fussent entre la Reine et lui les liens du sang, les différences d’âge ou les antipathies d’humeur, un seul homme a-t-il pu s’approcher d’elle sans que la calomnie ne le félicitât et ne plaignît Louis XVI ? La Reine distingue-t-elle M. de Coigny ? Par ses vertus solides, par l’expérience de la vie et la science de la cour que lui donnent ses quarante-cinq ans et sa gentilhommerie parfaite, par cette gravité et ces gronderies de vieux seigneur espagnol veillant une jeune Reine, M. de Coigny devient-il cher et précieux à Marie-Antoinette, comme un mentor, comme un ami, comme le chevalier d’honneur de sa réputation ? L’épouse est condamnée.

Quel déchaînement à chacune des grossesses de la Reine ! Que de noms prononcés, même à ne compter que les noms qui ne sont pas un blasphème ! Édouard Dillon, M. de Coigny, le duc de Dorset, et le prince Georges de Hesse-Darmstadt, et l’officier des gardes du corps Lambertye, et un certain du Roure, et un M. de Saint-Paër, et le comte de Romanzof, et lord Seymour, et le duc de

  1. Mémoires historiques et politiques sur le règne de Louis XVI, par Soulavie ; — Mémoires de Mme Campan, vol. I. — Portefeuille d’un talon rouge.