Page:Goncourt - Histoire de Marie-Antoinette, 1879.djvu/210

Cette page n’a pas encore été corrigée

ue dans le pays des chambres haute et basse, des oppositions et des motions, vous pouvez vous fermer les oreilles et laisser dire ; mais ici c’est un bruit assourdissant malgré que j’en ay. Ces mots d’opposition et de motion sont établis comme au parlement d’Angleterre, avec cette différence que lorsqu’on passe à Londres dans le parti de l’opposition on commence par se dépouiller des grâces du roi, au lieu qu’icy beaucoup s’opposent à toutes vues sages et bienfaisantes du plus vertueux des maîtres et gardent ses bienfaits ; cela est peut-être plus habile, mais ce n’est pas si noble. Le temps des illusions est passé, et nous faisons des expériences bien cruelles ; nous payons cher aujourd’hui notre engouement et notre enthousiasme pour la guerre de l’Amérique. La voix des honnêtes gens est étouffée par le nombre et la cabale. On abandonne le fond des choses pour s’attacher à des mots et multiplier la guerre des personnes. Les séditieux entraîneront l’État dans sa perte plutôt que de renoncer à leurs intrigues[1]. »

  1. Lettre de Marie-Antoinette du 9 avril 1787. Bulletin de l’Alliance des Arts, 10 octobre 1843.