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l’esprit qu’elle trouve tout fait, élégante sans en faire métier, supérieure et cependant n’alarmant que les sots, sage parce que, c’est elle-même qui l’a dit : « Ne pas l’être, c’est abdiquer ; » faisant des frais pour ceux qui la comprennent, et mettant avec les autres son esprit à fonds perdu, cette femme est Madame de Coigny[1]. Aux côtés de la duchesse Jules de Polignac se tient sa fille, la duchesse de Guiche, belle comme sa mère, mais avec plus d’effort et moins de simplicité[2] ; près de la duchesse de Guiche, parle et s’agite la comtesse Diane de Polignac.

La taille n’était rien, l’esprit était toute la femme chez Diane de Polignac. Elle n’avait qu’à parler pour faire oublier sa taille, sa figure, sa toilette, le peu qu’elle avait reçu, et le peu qu’elle faisait pour être jolie. Cette malice, cette manière de saisir les objets, qui la vengeait de ses ennemis vingt fois en un jour[3], ce tour piquant de la pensée, ce sel délicat de l’épigramme, la rendaient aimable, séduisante presque, en dépit de la nature. Diane de Polignac plaisait encore par cette lutte de sa tête et de son cœur, par ces passages soudains de la gaieté à l’émotion, par ce mélange et cette succession de tendresse et de comédie, d’ironie et de sensibilité. C’était un amusant caractère, audacieux et toujours

  1. Lettres du prince de Ligne publiées par Mme de Stael, 1809.
  2. Mémoires du comte de Tilly, vol. I.
  3. Supplément historique et essentiel à l’état nominatif des pensions, 1789.