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avec une manière si respectueuse. « Je ne connais que deux hommes, disait la princesse d’Hénin, qui sachent parler aux femmes : Lekain et M. de Vaudreuil[1]. »

M. d’Adhémar avait eu le bonheur de M. de Besenval. Le hasard avait fait sa carrière, sa fortune et son nom. Sous-lieutenant, puis capitaine dans le régiment de Rouergue, obscur et enfoui, pauvre, et le nom de Montfalcon pour tout bien, il trouvait à Nîmes des parchemins qui le faisaient Adhémar, venait à Paris, plaisait à M. de Ségur, qui l’avait vu au feu et auquel il se faisait reconnaître, plaisait au sévère généalogiste Cherin, qui lui délivrait un certificat, plaisait à Madame de Ségur, profitait d’une erreur de M. de Choiseul, qui lui donnait le régiment de Chartres, plaisait à madame de Valbelle, épousait sa richesse, et s’avançait dans la faveur de madame de Polignac[2].

M. d’Adhémar faisait un peu, dans cette société royale, le personnage de l’abbé dans les sociétés bourgeoises ; il était chargé des passe-temps de la soirée, des intermèdes de la promenade, des entr’actes de la causerie. C’était un homme à talents, un peu plus qu’un amateur, un peu moins qu’un artiste. Il avait poussé assez loin la musique et sa jolie voix, jusqu’à se faire entendre et se faire applaudir de M. Lagarde, le maître de la musique du

  1. Souvenirs de Félicie, par Mme de Genlis.
  2. Mémoires de Besenval. Correspondance entre le comte de La Marck et le comte de Mirabeau. Introduction.