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De là, Marie-Antoinette domine le rocher, et sa grotte « parfaite et bien placée », et la chute d’eau, et le pont tremblant, jeté sur le petit torrent, et l’eau, et le lac, et sous l’ombre des arbustes les deux ports d’embarquement, et la galère fleurdelisée, et la rivière. Voici l’île et le temple de l’Amour, rotonde exposée à tous les vents où le Cupidon de Bouchardon essaye de se tailler un arc dans la massue d’Hercule[1]. Voici le ruisseau et ses passerelles, dont chacune a une vanne et forme écluse. Derrière ce demi-cercle de treillage, sous ce palanquin chinois, tourne le jeu de bagues, avec huit sièges formés de chimères et d’autruches[2]. Voici, au bord de la rivière, les Bocages partagés en petits champs et cultivés comme des pièces de terre ; et voici enfin le fond du jardin, le fond du tableau, le fond du théâtre : c’est le paradis de Berquin, c’est l’Arcadie de Marie-Antoinette, le Hameau ! le hameau où elle faisait déguiser le Roi en meunier, et Monsieur en maître d’école[3]. Voici les maisonnettes, serrées comme une famille, dont chacune a un jardinet pour prêter à la plaisanterie de faire de chacune des dames de Trianon une paysanne, ayant des occupations de paysanne[4]. La laiterie de marbre blanc est au bord de l’eau. À côté se reflète

  1. Voyez dans la Description générale et particulière de la France (par de La Borde), 1781-1788, les vues du Petit-Trianon gravées par le chevalier de Lespinasse.
  2. Catalogue des meubles et effets précieux de la ci-devant Liste civile.
  3. Fragments sur Paris. par Meyer, vol. II.
  4. Le Cicerone de Versailles.