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Chimay, madame de Mailly, madame d’Ossun, madame de Tavannes, madame de Guéménée. Des princes avertis à midi par madame de Lamballe, Monsieur le duc d’Orléans, en partie de chasse à Fausse-Repose, est le seul qui arrive avant les dernières douleurs. Le Roi a décommandé le tiré qu’il devait faire à Saclé, à midi. Il est auprès de la Reine, anxieux, palpitant, mais selon son humeur : il a tiré sa montre, et compte les minutes avec l’apparente froideur d’un médecin. Comme sa montre marque juste une heure un quart, la Reine est délivrée. Il se fait, à ce moment d’émotion solennelle, un tel silence, dans toute la chambre que la Reine croit que c’est une fille encore. Mais le garde des sceaux a constaté le sexe du nouveau-né ; le Roi rentre éperdu de bonheur, pleurant de joie, donnant la main à tous : la France a un Dauphin, la Reine a un fils[1]. Le Roi donne l’ordre au prince de Tingry, capitaine des gardes du corps en quartier, de quitter son service auprès de sa personne pour accompagner le Dauphin jusque dans son appartement, où se trouvent, pour servir auprès de lui, un lieutenant et un sous-lieutenant des gardes du corps ; puis on apporte l’enfant à la Reine : et quel baiser où l’accouchée met tout son cœur, toutes ses forces, toute sa joie !

La joie de la mère est la joie de la nation. À Paris, la bonne nouvelle court de bouche en bouche :

  1. Journal de Louis XVI. Accouchement de la Reine, le 22 octobre 1781 (Archives générales du royaume). Revue rétrospective, vol. V. — Mémoires de Mme Campan, vol. 1.