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fille aînée du maréchal de Stainville, la survivance au grand bailliage de Haguenau, possédé par le duc de Choiseul, frère du maréchal de Stainville. La princesse de Montbarrey l’emporte sur la Reine par l’influence de madame de Maurepas, et la survivance est accordée au prince de Montbarrey. La Reine obtient la révocation de la nomination ; mais le baron Spon, pour faire sa cour à madame de Maurepas, a fait hâter l’enregistrement des lettres de provision[1], et la Reine ne peut rien que bouder le ministre[2]. M. de Montbarrey était trop fin courtisan pour rompre en face ; il fit à la Reine une guerre sournoise, à la façon et au goût de son patron et de sa patronne, M. et madame de Maurepas. Aussi, quand le désordre de ses amours, quand la vente des grades militaires eurent fait de M. de Montbarrey un ministre impossible à garder, la Reine prit sa revanche. On jouait, à Marly, un jeu à la mode appelé la Peur. C’était une comédie que la figure et les transes du malheureux ministre dans toutes ces allusions à son ministère menacé, dans toutes les stations de la peur, de la mort et de la résurrection ; et la Reine encourageait de son sourire les malices des dames de la cour autour du ministre tremblant[3].

C’était là le train ordinaire des ministres avec la Reine, de la Reine avec les ministres. Ainsi de l’un,

  1. Mémoires, par l’abbé Georgel, vol. I.
  2. Mémoires autographes de M. le prince de Montbarrey, 1826, vol. I.
  3. Mémoires de la République des lettres, vol XVI.