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maison d’Autriche venait du peu d’exigence d’étiquette de la cour de Vienne. D’ailleurs, quel besoin de conseils, de raisonnements, de souvenirs d’enfance, pour faire détester à la jeune princesse une telle tyrannie ? Quelle patience eût résisté à des tourments quotidiens, pareils à celui-ci : la femme de chambre, un jour d’hiver, prête à passer la chemise à la Reine, est obligée de la remettre à la dame d’honneur qui entre et ôte ses gants ; la dame d’honneur est obligée de la remettre à la duchesse d’Orléans qui a gratté à la porte ; la duchesse d’Orléans est obligée de la remettre à la comtesse de Provence qui vient d’entrer, pendant que la Reine, transie, tenant ses bras croisés sur sa poitrine nue, laisse échapper : C’est odieux ! quelle importunité ! [1] !

Dans ses courses, dans ses promenades à Trianon, Marie-Antoinette a presque toujours à ses côtés la même compagne, une amie de ses goûts, qui préférait à Versailles les bois de son beau-père, le duc de Penthièvre, et que la Reine avait eu grand’peine à accoutumer à l’air de la cour : Madame de Lamballe[2].

La Reine, comme toutes les femmes, se défendait mal contre ses yeux. La figure et la tournure n’étaient pas sans la toucher, et les portraits qui nous sont restés de Madame de Lamballe disent la première raison de sa faveur. La plus grande beauté de

  1. Mémoires sur la vie privée de Marie-Antoinette, par Mme Campan, 1826. Éclaircissement historiques.
  2. Chronique secrète, par l’abbé Beaudeau.