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jeunes et gais, dont la clarté, la jeunesse, la gaieté ressortent davantage encore, quand on les compare aux nuances feuille morte et carmélite, aux couleurs presque jansénistes des toilettes de Madame Élisabeth, que nous montre un autre registre. Reliques coquettes, et comme parlantes à l’œil, où un peintre trouverait de quoi reconstruire la toilette de la Reine à tel jour, presque à telle heure de sa vie ! Il n’aurait qu’à parcourir les divisions du livre : Robes sur le grand panier, robes sur le petit panier, robes turques, lévites, robes anglaises, et grands habits de taffetas ; grandes provinces du royaume que se partageaient Madame Bertin, garnissant les grands habits de Pâques, Madame Lenormand, relevant de broderies de jasmins d’Espagne les robes turques couleur boue de Paris, et la Lévêque, et la Romand, et la Barbier, et la Pompée, travaillant et chiffonnant, dans le bleu, le blanc, le rose, le gris-perle semé parfois de lentilles d’or, les habits de Versailles et les habits de Marly qu’on apportait chaque matin à la Reine dans de grands taffetas.

La Reine prenait un bain presque tous les jours. Un sabot était roulé dans sa chambre. La Reine, dépouillée du corset à crevés de rubans, des manches de dentelles, du grand fichu, avec lesquels elle couchait, était enveloppée d’une grande chemise de flanelle anglaise. Une tasse de chocolat ou de café faisait son déjeuner, qu’elle prenait dans son lit lorsqu’elle ne se baignait pas. À sa sortie du bain, ses femmes lui apportaient des pantoufles de basin garnies de dentelles et plaçaient sur ses épau-