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il essayait d’amuser ses fatigues en herborisant avec le duc d’Ayen[1].

Nul cadeau ne pouvait être plus agréable à Marie-Antoinette, à cette amie de la campagne et des fleurs, à cette Reine qui, des splendeurs et des majestés de Marly, ne goûtait que la salle de verdure établie par le comte d’Aranda[2]. Et l’heureux à-propos que ce présent, arrivant à l’heure précise où Marie-Antoinette renonce à la lutte, cède la place aux intriguez, abandonne ses ambitions et ses espérances, et se confesse ainsi à l’un de ses familiers : « M. de Maurepas est bien insouciant, M. de Vergennes bien médiocre ; mais la crainte de me tromper sur des gens qui servent peut-être bien mieux le Roi que je ne pense m’empêchera toujours de lui parler contre ses ministres…[3]. » Le petit Trianon occupera cette Reine sans affaires, cette femme sans enfants, sans ménage. Il sera l’emploi et la dépense de sa vie, le plaisir et l’exercice de sa jeune activité, sa distraction, son labeur. Créer à nouveau, ajouter, embellir, agrandir, tenir sous sa baguette de magicienne un peuple d’artistes et de jardiniers, l’aimable ministère ! un royaume presque ! et, au bout du passe-temps et de l’effort, une petite patrie, son bien, son œuvre, son petit Vienne !

Le temps et le goût étaient alors à ces affranchis-

  1. Description générale et particulière de la France (par de La Borde). Paris, 1871. — Le Cicérone de Versailles ou l’Indicateur des curiosités et établissements de cette ville, 1806.
  2. Chronique secrète, par l’abbé Beaudeau.
  3. Portraits et caractères, par Sénac de Meilhan. Paris, 1813.