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heur et d’union : Soulavie les verra aux Tuileries le 10 août.

Du reste, rien ne donnera une idée plus précise du travail hostile de tous les ministres qui se succèdent, de la défiance politique, que tour à tour ils entretiennent dans le cœur amoureux du mari, que cette curieuse lettre de Marie-Antoinette adressée à son frère Joseph II.

Il (le Roi) est de son naturel très peu parlant, et il arrive souvent de ne me parler des grandes affaires, lors même qu’il n’a pas envie de me les cacher. Il me répond quand je lui en parle, mais il ne m’en prévient guère et quand j’apprends le quart d’une affaire, j’ai besoin d’adresse pour me faire dire le reste par les ministres, en leur laissant croire que le Roi m’a tout dit. Quant je reproche au Roi de n’avoir pas parlé de certaines affaires, il ne se fâche pas, il a l’air un peu embarrassé et quelquefois il me répond naturellement qu’il n’y a pas pensé. Je vous avouerai bien que les affaires politiques sont celles sur lesquelles j’ai le moins de prise. La méfiance naturelle du Roi a été fortifiée d’abord par son gouverneur, dès avant mon mariage. M. de la Vauguyon l’avait effrayé sur l’empire que sa femme voudrait prendre sur lui, et son âme noire s’était plue à effrayer son élève par tous les fantômes inventés contre la maison d’Autriche. M. de Maurepas, quoique avec moins de caractère et de méchanceté, a cru utile pour son crédit d’entretenir le Roi dans les mêmes idées. M. de Vergennes suit le même plan et peut-être se sert-il de sa correspondance des affaires étrangères pour employer la fausseté et le mensonge. J’en ai parlé clairement au Roi