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à la Reine et à l’opinion publique le temps de se reconnaître et de se liguer. Car, dans le fond des choses, que demande alors la Reine que ne demande pas l’opinion publique ? Ses vœux ne sont-ils point le renvoi des ministres de dilapidation et de tyrannie de la du Barry, l’accueil des idées de liberté civile et de tolérance religieuse, la consécration des droits du peuple par les pouvoirs du Parlement, un acheminement lent, mais sûr et pacifique, vers l’avenir et ses promesses, vers la concorde et le bien-être de la France ? Et quand même cette politique n’eût pas été la politique de M. de Choiseul, elle eût été l’instinct de cette jeune Reine, enivrée de sa popularité de Dauphine, jalouse des applaudissements de la France, et prête, pour les garder, à se faire auprès du Roi l’écho des passions et des aspirations de Paris.

Par le renvoi du chancelier Maupeou et de l’abbé Terray, par la nomination de Turgot, par le rappel des anciens parlements, M. de Maurepas conjurait le péril, et remportait ces deux victoires d’apaiser la Reine et de distraire l’opinion publique du parti de la Reine. Puis encore, le remplacement d’une capacité par une créature, du chancelier de Maupeou par M. Hue de Miroménil, qui avait amusé madame de Maurepas dans un rôle de Crispin, rassurait absolument M. de Maurepas[1].

Il y eut toutefois, dans la succession des petits triomphes de M. de Maurepas, des retours, des

  1. Chronique secrète, par l’abbé Beaudeau.