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parlait plus. Arrivée à la porte de l’hôpital, elle ne voulut pas qu’on la portât. Pouvez-vous aller jusque-là ? — lui dit le concierge, en lui montrant à une vingtaine de pas la salle de réception. Elle fit signe que oui, et marcha : c’était une morte qui allait parce qu’elle voulait aller !

Enfin, elle arriva dans la grande salle haute, froide, rigide, nette, sèche et terrible, dont les bancs de bois faisaient cercle autour du brancard qui attendait. Mlle de Varandeuil la fit asseoir sur un fauteuil de paille, près d’un guichet vitré. Un employé ouvrit le guichet, demanda à Mlle de Varandeuil le nom, l’âge de Germinie, et couvrit d’écriture pendant un quart d’heure une dizaine de papiers marqués en tête d’une image religieuse. Cela fait, Mlle de Varandeuil se retourna, l’embrassa ; elle vit un garçon de salle la prendre sous le bras, puis elle ne la vit plus, se sauva, et tombant sur les coussins du fiacre, elle éclata en sanglots et lâcha toutes les larmes dont son cœur étouffait depuis une heure. Sur le siège, le dos du cocher était étonné d’entendre pleurer si fort.


LXV.


Le jour de la visite, le jeudi venu, Mlle de Varandeuil partit pour voir Germinie à midi et demi. Elle