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sommes un tas… la grosse Marie, le gros tampon, tu sais bien… Élisa, du 41, la grande et la petite Badinier… et des hommes avec ça ! D’abord moi je suis avec mon marchand de mort subite… Eh bien, oui… Ah ! tu ne sais pas ?… mon nouveau, le maître d’armes du 24e… et puis un de ses amis, un peintre, un vrai Père la Joie… Nous allons à Vincennes… Chacun apporte quelque chose… Nous dînerons sur l’herbe… c’est les messieurs qui payent à boire… et on va s’en donner, je t’en réponds !

— J’y vais, dit Germinie.

— Toi ? allons donc !… c’est plus des parties pour toi…

— Quand je te dis que j’y vais… fit Germinie avec une brusquerie décidée. Le temps de prévenir mademoiselle, de passer une robe… Attends-moi, je vais prendre une moitié de homard chez le charcutier…

Une demi-heure après, les deux femmes partaient, remontaient le long du mur de l’octroi et trouvaient, au boulevard de la Chopinette, le reste de la société attablé à l’extérieur d’un café. Après une tournée de cassis, on montait dans deux grands fiacres, et l’on roulait. Arrivé à Vincennes, devant le fort, on descendait, et toute la troupe se mettait à marcher en bande le long du talus du fossé. En passant devant le mur du fort, à un artilleur en faction à côté d’un canon, l’ami du maître d’armes, le peintre cria : — Hein ! mon vieux, tu aimerais mieux en boire un que de le garder !