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— Voilà ! fit Adèle essoufflée en lui donnant le numéro du fiacre.

— Je peux y rester… lui dit Germinie, pas un mot à mademoiselle… Voilà tout… Jure-moi, pas un mot !

Elle descendait l’escalier, lorsqu’elle rencontra Jupillon :

— Tiens ! fit-il, où vas-tu ? tu sors ?

— Je vais accoucher… Ça m’a pris dans la journée… Il y avait un grand dîner… Ah ! ç’a été dur !… Pourquoi viens-tu ? Je t’avais dit de ne jamais venir, je ne veux pas !

— C’est que… je vais te dire… dans ce moment-ci j’ai absolument besoin de quarante francs. Mais là, vrai, absolument besoin.

— Quarante francs ! Mais je n’ai que juste pour la sage-femme…

— C’est embêtant… voilà ! Que veux-tu ? Et il lui donna le bras pour l’aider à descendre. — Cristi ! je vais avoir du mal à les avoir tout de même.

Il avait ouvert la portière de la voiture : — Où faut-il qu’il te mène ?

— À la Bourbe… lui dit Germinie. Et elle lui glissa les quarante francs dans la main.

— Laisse donc, fit Jupillon.

— Ah ! va… là ou autre part ! Et puis j’ai encore sept francs.

Le fiacre partit.

Jupillon resta un moment immobile sur le trottoir, regardant les deux napoléons dans sa main. Puis il