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ferrets d’or massif, et les chausses moulant les formes du jeune homme, comme si elles étaient nues, et les habillant de la bigarrure de couleurs éclatantes, sont semées de perles, tandis que le revers du capuchon de son manteau porte sa devise, au milieu de broderies d’or.

Et défilent ainsi devant vos yeux toutes les classes, toutes les professions, tous les métiers : — les bravi, avec les revers du pourpoint descendant jusqu’au bas de la poitrine, où ils s’attachent avec des rubans de couleur, un large glaive au côté, un poignard dans une poche sur le ventre ; — les marchands, les riches marchands faisant le commerce avec la Syrie, avec l’Orient, vêtus d’un pourpoint de velours sans collet, sur un pectoral laissant voir une chemise plissée, dont la mode s’est longtemps conservée en Italie, et aux jambes des bas à la martingale, et aux pieds des souliers de velours ; — les gondoliers avec leurs pourpoints aux retroussis sur les hanches, et la plume oscillante au-devant de leur bonnet : — les étudiants des universités, portant le bonnet frisé à côtes, dit tozzo, entouré d’une guirlande de marguerites, le cou dans une fraise tuyautée ; — les boutiquiers, habillés de tuniques aux manches à coude, ou plus habituellement d’un manlelet court, en serge ; — les huissiers et les crieurs publics, sous un manteau bleu avec au bonnet l’image de Saint-Marc ; — les soldats des galères de Venise, la plupart des Esclavons,