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noblesse, en tenue de ville, coiffée sur ses cheveux couleur d’or d’un bourrelet de soie et d’orfèvrerie, du balzo, le corsage fleuri de pierres précieuses, la taille serrée dans une ceinture d’or massif, les bras cerclés de riches bracelets, — des bras ayant à leurs extrémités des mains, « qu’à force d’art, les Vénitiennes rendaient blanches, comme n’en avait aucune femme d’une autre nation : » — c’est une autre femme de la noblesse parée, pour comparoir aux fêtes et dévotions publiques, le front dans un cercle d’or, surmonté d’un médaillon où est un diamant, avec au-dessus l’envolée d’un manteau faisant le plus ondoyant gonflement, et d’un manteau brodé d’étoiles d’or, enveloppant d’un seul côté les dessous de la toilette de la femme ; — c’est la châtelaine de terre ferme des États Vénitiens, la tête enveloppée jusqu’aux yeux, et au bas jusqu’au menton, par une voilette de soie, une robe de dessus, couleur hyacinthe, fendue des deux côtés, avec des demi-manches boutonnées sous des demi-manches ouvertes ; — c’est la jeune fille à marier, c’est… c’est la fiancée, sous son fazzuolo, son mouchoir noir transparent, qui lui cache à demi le visage.

Oh ! quels charmants et pittoresques costumes la jeunesse portait à Venise !

Il y a l’adulte, dans ce costume, dit le livre, révélant l’ingénuité, la pureté du jeune Vénitien, « dont le manque de malizia l’éloignait de tout plaisir charnel jusqu’à