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le croissant des Mahométans, et en haut duquel se lient, un pied sur une boule, un Apollon de bronze vert, dominant la campagne, où des maisons roses enfermant de petits jardins au feuillage noirâtre, dressent dans le ciel des cheminées en mortier. Au-devant du palais, sur le coquet mur duquel court une frise de lauriers, se dresse, sur un piédestal de marbre blanc, un mât où se balance une flamme d’or. Là, un enfant aux bas verts, à la calotte rouge, joue d’une sorte de violon long, près d’un vieillard assis sur un banc, tenant hiératiquement un bâton surmonté d’une boule d’or.

Tête d’éphèbe de Carpaccio, du musée Correre De jeunes éphèbes se promènent, coiffés de hauts toquets à la soie frisée ; les uns ont des bas rouges, les autres des bas noirs, où montent jusqu’aux genoux des ornements brodés. Un petit mantelet vert ou bleu leur fuit des épaules, et ils ramènent devant eux un grand manteau rouge ou violet, tombé à la taille derrière leurs dos. Ces éphèbes ont le front noyé sous les frisons de cheveux qui leur baignent le cou et les épaules, le nez d’une accentuation finement aquiline, la bouche petite et dédaigneuse, le menton court et saillant, et leur œil noir est comme perdu dans un rêve.

À gauche se trouve un portique de marbre, élevé de