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VENISE

LES MOSAÏQUES DE SAINT-MARC.


Un père Éternel, aux traits inhumainement caricaturaux d’un masque tragique, dans une broussaille de cheveux et de barbe ; sur son genou un livre de pourpre ; au dos un manteau bleu, mettant autour de lui les ondoiements et les replis d’un grand serpent d’azur ;

— une vierge, aux yeux louches, aux sourcils énormes n’en faisant qu’un, au visage couturé de traits noirs, sur une chair rosâtre, lui donnant l’apparence d’un visage grossièrement maquillé de brique et de charbon ; — des phalanges d’anges grêles, avec des ailes ébarbées, des ailes aussi hautes qu’eux, des phalanges d’anges, aux gestes emboîtés les uns dans les autres, comme une enfilade de marionnettes ; — des diables mitres d’or, aux cornes noires ; — des apôtres dans des robes blanches ayant l’air de suaires verdàtres ; — des Rois avec les cheveux et les barbes annelés, comme les serpents de la tête de Méduse ; — une Ève effarante,