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tête couchée sur un oreiller, sur lequel sont posées une rose et deux pensées, cueillies le matin.

Le comte Taverna nous emmène visiter une de ses fermes, où a lieu la fabrication du fromage de Parmesan.

Des prés feutrisés, d’un vert comme je n’en ai vu nulle part, irrigués de clairs ruisselets, et coupés de petits rideaux de peupliers, maintenant dépouillés de leurs feuilles, mais tout feuillés d’oiseaux, ainsi que dans certaines miniatures mystiques.

Des étables, où soixante vaches mettent dans la chaude pénombre une vapeur opalisée, montant de leurs naseaux luisants.

Le lait, auquel a été enlevé la crème, se transporte dans le casone, et se verse dans une chaudière de cuivre, en forme de cloche renversée, très évasée aux bords, et pouvant contenir de 5 à 14 brente milanaises. La chaudière est portée sur un fourneau établi dans une niche circulaire, creusée dans le pavé du casone, et exposée à un feu s’élevant à 28 ou 50 degrés Réaumur, et pour que la température reste uniforme, on agite continuellement le lait avec la rotella.

Le lait ainsi échauffé, il y est mêlé une fressure, formée de l’estomac de jeunes veaux, puis on retire la chaudière du feu et on la laisse en repos, pour que le