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chent, suspendues à des moitiés de cerceaux, des peaux de toutes couleurs : des peaux couleur d’amadou, couleur de feuilles séchées, couleur de lie de vin, glacée de tons bleuâtres.

Au bas d’une terre, que l’égouttement de l’eau chargée de tan, a rendue toute rouge, un grand réservoir, rempli d’une eau verdâtre, du vert dense d’un marbre, et dans cette eau, comme solide, les reflets du mur blanc, de la terre rouge, des peaux multicolores, avec au milieu de ces taches, arrêtées par de dures cernées, des rayures de lapis, dans lesquelles se mire le bleu inaltéré du ciel.

Contre le réservoir, s’élève un bâtiment à l’aspect d’une ruine antique, un grand bâtiment de brique tout rouge, où le plâtre qui le recouvrait, éclaté sous l’action du soleil, n’a laissé que quelques esquilles blanches : un bâtiment aux trois immenses baies cintrées, sans portes, et où, à la place des portes, sont encore suspendues de grandes peaux, qui ont l’air d’animaux desséchés. Et au-dessus de ces trois baies, dont le dessous est tout émeraudé par les jolies nuances frigides de l’humidité, une terrasse, au haut de laquelle, autour des pilastres, se contournent les sarments desséchés d’une vigne, qui fait le toit de l’édifice, en été.

Sur le bord du réservoir, était couchée sur le dos, une mâtine en mal de chien, les quatre pattes en l’air,