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Au Campo Santo se retrouve réunie une nombreuse et intéressante collection de tombeaux antiques, de sarcophages romains, où, dans le marbre funéraire, sont jetées en une furia de mouvement, des chasses, des courses, des luttes de cirque, des mêlées batailleuses de corps, des cabrements de chevaux, des danses de femmes, — ainsi qu’une protestation de l’Activité humaine contre l’Éternel Repos, de la Vie contre la Mort.

Sur un tombeau chrétien des premiers temps est figurée une porte entr’ouverte. La pierre d’une tombe plus moderne a pour toute ornementation, pour toute inscription, le fac-similé de deux plantes de pieds sur le sable : un symbole de la trace bien vite effacée de notre passage sur la terre.

Pise possède une Faculté de droit, où l’on enseigne le droit canon : un cours assommant, et dont les étudiants se débarrassaient ainsi, il y a quelques années. Le professeur était un abbé, un bon, un doux, un charmant vieillard.

À peine était-il en chaire, qu’un étudiant disait tout haut : Un juif ! Et aussitôt nombre de voix de crier : Docteur, il y a un juif ici ! Pas de juif ! À la porte le juif ! — Eh bien, où est-il ? hasardait timidement le professeur : — C’est moi ! jetait impudemment un étu-