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naissance envers Dieu de l’Humanité, et de l’Animalité, au sortir de l’arche de Noé, se témoigne, des deux côtés de la composition, par l’agenouillement des hommes, à droite, par ragenouillement des bétes, à gauche.

Les vingt-trois autres compositions, qui sont de Benozzo Gozzoli, continuent cette grandiose illustration de la Bible, et deviennent sur ce mur du nord du Campo Santo, sous le pinceau imaginatif de ce maître, une sorte de poème lyrique peint du saint livre.

Dès la première composition : « l’Adoration des Mages », il semble qu’on se trouve devant une peinture qui a sauté plusieurs siècles. Ce sont les couleurs suaves d’un élève de Fra Angelico da Fiesole, la grâce et la vie des corps dans des tons doucement harmonieux, au milieu de pittoresques aspects de la nature, de paysages, où les cavalcades blanches se détachent sur les palmiers et les pins parasols, avec des lointains montagneux, dominés par une petite ville à la découpure fantastique, et vers laquelle monte en serpentant, droit dans le ciel, le fer d’un millier de lances.

À « l’Adoration de Belus », à « la Tour de Babel », où seraient portraiturés les portraits de Cosme l’Ancien, de son fils Pierre, de ses neveux Julien et Laurent le Magnifique, enfin, d’Ange Politien, sous toujours le vrai coloris de Benozzo Gozzoli, apparaît et perce la réalité humaine qui caractérise le dessin de Masaccio, en une