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Dans ces fresques de la fin du quatorzième siècle, un commencement du sentiment anatomique en peinture, le corps de l’homme et de la femme sorti de l’embryonnat hiératique des formes, les vrais contours de la nudité étudiés pour la première fois ; — les anges, plus les anges incorporels des mosaïques, avec leurs ailes de grands volatiles, des anges emplissant leurs robes de rondeurs humaines ; — des têtes encore un peu byzantines, aux yeux touchant le nez, aux cous n’en finissant pas : toutefois un ensemble de formes et de traits, comme s’adoucissant, s’humanisant dans l’étude de la nature, ainsi que cela est très visible dans rêve de « La Création ».

Et sans aucun doute, dans cette composition, l’archange est la prise exacte d’un modèle humain : cet archange, dont le costume est un compromis entre le costume moyenâgeux et le costume romain, et dans lequel le peintre a introduit la cotte du légionnaire de la vieille Rome, que Raphaël va bientôt faire entrer dans le vestiaire de ses costumes peints.

Dans la « Mort d’Abel » une peinture plus primitive, des têtes petites, relativement au développement des corps, et des formes mannequinées, des enveloppements de membres dans des lignes droites, sans le ressaut et le cabossement des muscles, brisant la rigidité de bois de ces lignes.

« Le Déluge ». Après la retraite des eaux, la recon-