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LIVOURNE


Un quartier du Havre, avec toute la saleté italienne, et la lessive guenilleuse des maisons séchant aux fenêtres. Deux ou trois larges rues anglaisées de quincaillerie, de draperie, de librairie de la Grande-Bretagne, mais coupées, de dix en dix pas, par d’ignobles ruelles, aux Trattoria e Locanda di Basso Mondo, aux dépôts d’huîtres, à 48 cratz la douzaine, aux misérables boutiques de barbiers, où l’on aperçoit dans l’ombre la face blanche de savon d’un matelot, qu’un maigre figaro tient par le bout du nez.

Et dans toute la ville, allant et venant, affairée, une population cosmopolite inclassable, des types entre le professeur de chausson et le vendeur de contremarques, proposant à vendre n’importe quoi à l’étranger qui passe : ces types, mêlés à des mendiants culs-de-jatte, qui le poursuivent sur leur petite sellette ferrée.

Un tableau de la rue. Devant une échoppe, stationne une toute petite fille, joliment débraillée, aux brillants