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Au garçon qui nous sert à la trattoria, un jour de Veglioni :

— Vous restez ouvert toute la nuit ?

— Oh ! non, monsieur, il y aurait trop de monde ! »



ÉGLISE DEL CARMINE

Peintures commencées par Masolino di Panicale, et terminées par Masaccio.

Masaccio, c’est le peintre naturiste, donnant une représentation exacte de la nature, faisant de la vérité avec un goût de dessin à la Holbein, — trouvé tout à fait pauvre par le dix-septième siècle, sous la plume du chancelier Boucherat — sans l’ambition d’un idéal spirituel ou d’un surnaturel fantastique, et cela dans une peinture tranquillisée en un repos bourgeois. Dans ce temps, où chaque grand maître a un type de prédilection, qui revient dans toutes ses compositions, Masaccio, ne se souvenant plus des maîtres anciens, ne regardant plus en lui-même, mais regardant autour de lui, appelle, comme modèles, en leur variété des galbes et des physionomies, le monde multiple des vivants de son temps, dont il devient le portraitiste. Et même en son coloris — car le dessinateur est exceptionnellement un coloriste, — Masaccio n’a pas l’habitude et la