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tête, à face épanouie dans une joie jordanesque, et la main dans la main de ce cavalier, qui lui montre une pile de morions, de brassards, de cuissards, avec le geste du renoncement d’un Hercule implorant des fuseaux.

Dans le second groupe, c’est encore une entripaillée, sous un camail noir aux revers rouges, la tête un peu retirée en arrière, en une molle défense contre la tentative du baiser.

Dans le haut, enfin, c’est un troisième couple, un peu plus intimement accouplé, perdu dans la nuit. Et pour éclairer ces trois scènes amoureuses, un petit Cupidon porte-torche, au large rire, dans un vestinquin bleu aux crevés de pourpre.


Allori. — Judith, — le type peint de l’assassine d’Holopherne, consacré par la gravure, — une femme aux épais sourcils, aux yeux immenses, ombrés de longs cils, aux lèvres rouges d’un riche sang, une héroïne vigoureusement sensuelle. On sait que cette Judith, c’est la Marzaffîrra, la maîtresse d’Allori, que la vieille suivante qui tient le sac, est la mère de sa maîtresse, — et que dans ce tableau, lui même s’est peint sous les traits d’Holopherne décapité.


Rubens. — Deux grands paysages qui sont l’inspiration de ce feuillé, baignant dans l’huile grasse, de