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de grappes d’or, et où sur les manches bouffantes de velours violet, courent, parmi des crevés blancs, des arabesques de filigrane.

La, et mieux encore dans « La Flore », la magique peinture de l’épiderme de la femme, de la délicatesse de ses tous impossibles, rendue avec la coloration de couleurs qui semblent ne pas devoir se trouver sur une palette. Car de la peau de la femme, Titien a rendu, et le laiteux et la matité et les luisants de marbre, comme sortis de dessous une strygille, et le rayonnement des pores semblant chacun tenir un mica de lumière, — enfin l’espèce de doux allumement de la voluptueuse enveloppe de la vie féminine, sous le plein soleil.


Manetti. — Un curieux et drolatique tableau, que la « Réunion des sposi. »

Dans l’ombre, au premier plan, la joue comme cerclée d’une faucille de lumière, la joue d’une femme tendant l’oreille à la parole d’un jeune homme, en un tendre duo, et au-dessus, trois groupes s’étageant dans une sorte d’échelle d’amour.

Le premier groupe se compose d’un cavalier, au feutre garni d’une plume blanche, dans un ample manteau fleuri d’or, les jambes nues enfermées dans une guêtre héroïque, à la façon romaine, et penché sur l’haleine d’une grasse donzelle, la gorge au vent sortant d’une robe de brocard, un diadème d’orfèvrerie sur la