Page:Goncourt, L'Italie d'hier, 1894.djvu/144

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.


Le prince héréditaire, qui a vingt et un ans, est le portrait de sa mère, avec du ventre. La duchesse douairière ressemble à un camée antique, à une Agrippine, qui serait une fée bienfaisante. L’ambassadeur, le plus vieux en date, commence à présenter ses nationaux au grand-duc, à la grande-duchesse, à la duchesse douairière, au duc héréditaire, et pour eux commence le martyre de trouver un mot, une phrase, une banalité quelconque à l’endroit de ces visages tout neufs, que, la plupart du temps, ils ne revoient jamais. À quoi comme réponse, c’est l’éternelle et immuable réplique : « Florence, oui, c’est la capitale des Arts ! »

Une cour bourgeoise, familière, où il n’y a pas d’étiquette, si ce n’est que le duc héréditaire fait un tour de valse, avant les autres couples, et qu’on se lève, lorsque passe devant vous, une personne de la famille ducale.

Par exemple, dans cette cour bourgeoise, un buffet de bal, comme il n’y en a dans aucune cour de l’Europe : un buffet, un buisson de camélias, dans lequel est exposée et semée l’argenterie du grand-duc. Or, sait-on que cette argenterie se compose de quarante-quatre coupes en vermeil, dont dix-huit sont de Cellini et le reste de son école ; d’une grande nielle de Polaiolo, représentant la Vierge, entourée de petites nielles de Finiguerra ; de deux immenses plats en ver-