Page:Goncourt, L'Italie d'hier, 1894.djvu/143

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.


gent, il ne consentit jamais à quitter Florence, quelques magnifiques offres que lui firent les autres villes d’Italie.



BALS DE LA COUR

Un grand salon blanc. Deux immenses ifs de lumière s’élevant contre le mur du fond, où courent des guirlandes de fleurs. L’orchestre dans trois travées. De vieux et gras domestiques, aux têtes d’empereurs romains de la décadence, avec une perruque, retroussée par derrière en une queue de Janot, et des gardes du corps, dans des culottes de peau, sous de magnifiques habits rouges. À droite et à gauche se pressent et s’entassent les personnes qui doivent être présentées : groupes à tout moment traversés par les ambassadeurs, à la recherche de leurs nationaux, et guidés par leurs chanceliers, comme des aveugles guidés par un caniche. Le grand-duc entre, puis la grande-duchesse, puis la duchesse douairière, puis le duc héréditaire. Le grand-duc est poivre et sel, et a l’air d’un vieux général autrichien ; il scrute les gens du regard, grimace, comme affecté désagréablement de leur présence, et se dérobe à leur curiosité, derrière sa femme. La grande-duchesse est une forte femme, au front court, au nez droit, à la coloration sanguine, une Junon bourbonienne.